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L'histoire d'une vie parmi tant d'autres...
22 décembre 2008

Miles from nowhere

miles_from_nowhere_M12388La semaine dernière, j'ai lu -pour ne pas dire dévoré- un livre emprunté -au détour des étagères de la médiathèque . Un livre américain de Nami Mun, une Coréenne, aujourd'hui maître de conférence, qui décrit avec réalisme et une pointe d'ironie, la vie dans la rue à New York, l'enfer de la dérive, de la prostitution, le cercle sans fin de l'alcool et de la drogue.

Ce livre qui est sorti dans la cadre de la rentrée littéraire cette année est, selon moi, un petit bijou. L'écriture est simple, accessible, l'ouvrage se lit très rapidement. Les chapitres sont condensés et racontent tour à tour les étapes d'une adolescente qui a immigré avec ses parents de Corée...et qui a, déjà à son jeune âge, tout comme son père qui a fui la maison familiale ou sa mère qui a sombré dans la folie, déchanté quant au rêve américain. Ce livre raconte sous formes de tranches de vie la descente aux enfers d'une jeune de 13 ans pourtant intelligente et jolie qui n'a rien demandé à personne, si ce n'est un peu d'amour et de considération.

On la découvre dans un foyer qu'elle va tout d'abord entreprendre de fuir avec une amie dont on entendra reparler au cours du récit. On la découvre pute dans un bordel à devoir subir la bassesse suprême, celle de devoir offrir son corps telle une marchandise. Ejac faciale par un Chinois alors que c'est encore une gamine. Et pourtant, elle ne se laisse pas démonter, elle essaie de s'en sortir. Et surtout,elle vient en aide aux plus démunis... en l'espèce, une pute transexuelle frappée.
Mais son caractère de battante va s'estomper, la vie de débauche et junkie finissant par avoir raison d'elle. Et à lire ce récit, emprunt d'un réalisme affiné et d''une connaissance sincère du décor, on se demande comment elle n'a pas sombré plus tôt.

On la découvre junkie à se piquer avec son jules du moment. On la retrouve à vouloir aider son père. On la retrouve dans un squat, amoureuse aussi. On ressent ses peurs, ses moindres respirations. Quand elle décroche un boulot de vendeuse Avon et fait du porte à porte, on souffre avec elle parce qu'on sait que le bout de l'enfer est encore loin.
Elle sombre toujours plus bas. Mais elle est toujours là pour plus pauvre qu'elle. A son niveau, certes, mais elle n'est pas  repliée sur son propre enfer, mais empathie naturelle pour les autres qui partagent cette horreur.

A travers cet ouvrage qui ne s'essoufle pas un instant -alors même que c'est une traduction et que bien souvent la traduction nuit à la portée des mots- on découvre des scènes de vie de New York. Mais ce NYC des pauvres et des rejetés, ce Bronx qu'on a pas envie de connaître.
Les scènes sont courtes, presque impulsives et donnent le rythme au récit. Quand son ami de départ, dealeuse reconnue dans le quartier, court après un voleur de sac d'une petite bourgeoise, qu'elle le récupère et qu'elle est fière de lui rendre devant un public conquis, cette vendeuse de saloperies qui a pourtant des principes de base, ne demande qu'un merci. L'autre insiste pour lui donner de l'argent mais n'arrive pas à lui sortir un merci. Alors la fille, aux allures de colosse, lance une jouxte verbale et part la tête haute avec son portefeuille et sous les applaudissements des badauds.

Voilà toute la richesse de ce récit, raconté par une gamine Coréenne immigrée, qui va connaître la rue à 13 ans, qui va croire en des apparitions récurrentes de Dieu ou de ses anges et qui vous emmène dans un univers qu'il ne vous est pas possible de quitter avant d'avoir entièrement refermé le livre.

Pouvoir infiltrer ce milieu, comme si on était dans un aquarium... on a l'impression de vivre l'horreur avec Joon l'héroïne, en se sachant pertinemment protégée parce qu'on ne sera jamais immergé dedans totalement, on pourra en ressortir, contrairement à cette gamine, t cela, en fermant le livre, tout simplement

.
Cette histoire est décidément très forte. Nombre de gosses vivent encore celà de nos jours, voire bien pire... et par les traits de caractère de l'ado qui malgré une chute dans les addictions continue d'essayer de voir le  bien dans cette horreur permanente, l'on découvre à travers ses yeux une réalité qu'on essaye, pour la plupart, d'ignorer... car, en vrai, qui a le courage de combattre ?

Dernier petit détail...la couverture... rose....une jeune au regard hagard, dans un décor noir et blanc de film en 16/9e  est très bien choisie.

Note : 19/20. A conseiller donc (en espérant dumoins vous avoir donné envie... je le ramène à la biblio demain ^^)

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